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nak'n roll
2 février 2009

« L’art n’est pas un bureau d’anthropométrie »

 

L’art semble avoir perdu sa finalité première. Il n’est pas question ici de l’art comme marchandise ; désormais tout est marchandise, tout est récupéré par les éboueurs des agences de publicité ou de communication. Il est d’ailleurs étonnant que personne n’ait encore songé à Louise Michel pour vanter les mérites d’une serviette hygiénique…

Non, parlons plutôt de l’art comme moyen d’expression, ce qui animait même les artistes de commande dont les noms illustres jalonnent l’histoire de l’art.

 

L’art doit être un besoin, une fièvre viscérale et irrésistible de création, une flamme intérieure dont la brûlure, douloureuse ou exquise, vous pousse à la création. Or comment s’exprimer quand on n’a pas de tribune ? Là, comme ailleurs, le curriculum vitae prend le pas sur le fond. On ne juge pas une œuvre mais son créateur qui doit sortir d’un moule. Nombre de galeries, tout comme nombre de maisons d’édition, se concentrent avant tout sur le cursus de la personne qui vient devant elle les tripes à l’air. L’art n’est plus qu’une spécialité parmi d’autres, un métier comme un autre.

Certes l’apprentissage est un élément essentiel de tout art majeur. Néanmoins, l’introspection et l’étude ne constituent pas le monopole des écoles d’arts en cette époque où l’information est aisément accessible à tous. Les Beaux arts apprennent à « penser artiste », à endosser ses attributs, tout en nous donnant un blanc seing pour accéder aux aides publiques (le diplôme doit certainement figurer en bonne place dans le cahier des charges des fonctionnaires qui les gèrent), une sorte de label rouge qui accorde de l’authenticité à vos cris, supérieurs aux cris des être communs, non initiés, comme si le chemin initiatique ne pouvait pas être arpenté seul, dans l’intimité de son cortex.

Bien entendu, les goûts et les couleurs ne se discutent pas, encore heureux ! Toutefois ce critère esthétique, purement émotionnel, semble peser bien peu. Dans l’art comme partout on veut des garanties. Merveilleux monde où l’on vante sans cesse la prise de risque… en se couvrant d’assurances. Le goût semble avoir disparu, alors, on veut s’assurer de ses choix. On veut être certain que l’œuvre que l’on choisira sera de qualité sans faire confiance à son propre ressenti. Untel achète une toile d’un diplômé de telle école, l’autre achète un roman labellisé d’un prix quelconque.

Si le goût disparaît, la vie elle-même n’a plus de saveur. A l’heure du tout lyophilisé et du tout étiqueté, l’artiste au cri primal et irrésistible n’est pas désiré car il n’est pas fiable. Il indispose car comme le disait Ferré : « un poète ça pue des pieds »…

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