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nak'n roll
7 septembre 2006

Buk au ski

           8_profi

           Bukowski est un poète !

Bukowski est un poète même si cela outrage nombre de pharisiens de la prose. Comment peut on porter aux nues ce pornographe obsédé, cet alcoolique, ce tâcheron littéraire ?! 

On le connaît pour ses contes de la folie ordinaire, portées à l’écran par Marco Ferreri. (recueil de nouvelles où l’on croise des singes priapiques, des femmes trop belles pour vivre et des clones désœuvrés de l’écrivain, le tout baignant dans l’alcool, le foutre et le vomi), mais aussi pour Barfly, film de Barbet Schroeder avec Faye Dunaway et (le très grand) Mickey Rourke, où Buk tente de retranscrire l’univers des bars et de sa faune.

            Bukowski n’a qu’une préoccupation : lui-même. Cet écrivain américano-germanique, au physique grossier, à l’enfance difficile et violente, s’exhibe et se met en scène sans ménagement mais toujours avec lucidité. Il se décrit comme un ivrogne bon à rien, toujours prêt à perdre ses petits boulots sur l’autel de l’alcool, des courses de chevaux et des femmes. Des femmes perdues qu’il dépeint néanmoins avec tendresse. Ses personnages, minables écrivains sans ambition, admirent Hemingway, Céline ou Dostoïevski, monstres sacrés devant lesquels toute nouvelle création semble dérisoire.

Bukowski n’a qu’une seule ambition dans la vie : être peinard. Même s’il souhaite secrètement connaître le succès pour intégrer enfin cette maudite société. Succès qu’il rencontre finalement dans l’underground californien où il est considéré comme le successeur de Kerouac, de Ginsberg. Considérations dont il se moque comme de sa première biture tant que cette notoriété lui apporte un peu d’argent, des bières et un harem de midinettes en quête d’aventures intellectuello-cul-turel précoces se livrant corps et âmes à ses grandes paluches abîmées. 80_mickey

            Bukowski ne donne pas de leçon. Il parle de lui, de sa médiocrité, de la folie ordinaire que l’on rencontre tard le soir au sud de nulle part. Souvenirs cyniques d’un vieux dégueulasse qui observe une Amérique qui le répulse autant qu’elle le fascine. Perdu, volontairement ou non, dans cet univers, il n’arrête de boire que pour chercher des filles : dingues, paumées, intellectuelles, éditrices, étudiantes en littérature, jeunes, vieilles, maigres, obèses, moches, jolies aussi. Perpétuellement surpris qu’avec sa gueule de porte bonheur il puisse les séduire et même les honorer trois minutes sans faillir !

            Cet homme des excès est volontiers provocateur. Son passage sur le plateau d’Apostrophe, institution du service public, reste mémorable. Mais Bukowski, est avant tout quelqu’un d’honnête mal dans son époque. Il nous montre crûment la vérité quotidienne, celle qui nous gêne quand on se surprend à se gratter le cul. Il dénonce l’hypocrisie, le sexisme ambiant et la violence quotidienne des petits désirs minables. Il dérange car « il parle à tout le monde » (Jean-François Bizot). Il nous ouvre les yeux et nous fait découvrir les secrets que la boue peut parfois receler.

Bukowski est un poète !

fot_buk23

Bibliographie non exhaustive :

-         Contes de la folie ordinaire (roman éponyme du film de Marco Ferreri avec Ornella Mutti et Ben Gazzara)

-         Nouveaux contes de la folie ordinaire

-         L’amour est un chien de l’enfer (recueil de poèmes)

-         Au sud de nulle Part   

-         Le Postier

-       Women (consacré à quelques femmes de sa vie)

-         Pulp (un hommage au roman de gare)

-         Hollywood (livre qui raconte son expérience scénaristique à Hollywood)

-         Je t’aime Albert

-         Factotum

-         Souvenir d’un pas grand chose

-         Mémoire d’un vieux dégueulasse

             Documentaire DVD : (incluant l’intégralité de l’émission Apostrophe) : Bukowski de John Dulllaghan

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