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nak'n roll
4 janvier 2007

La dernière des Ptolémées

Hier soir j’ai vu une curieuse enfant marcher dans la rue. Un petit chien famélique boitait à ses côtés.

J’ai cru reconnaître la dernière des Ptolémées.
Celle qui, attristée, meurt empoisonnée.
Celle dont le sang trop bleu s’écoule promptement trop pressé d’assister à son enterrement.
Elle errait le regard vague, suivant les pas de son chien trop las pour aboyer.

Elle s’approcha de moi timidement et me fit comprendre dans le langage des cygnes qu’elle était perdue et indigne et qu’elle était condamner à arpenter sans fin la rue sordide d’une ville sans nom plongée à jamais dans une nuit noire et glacée. Telle la petite fille de Prométhée celui qui souffre, tous les soirs, un éternel cauchemar.

Elle était seule, avec son chien et sa poupée de chiffon comme unique famille.
Phryné, sa mère, avait cessé de vomir des mots doux dans le cou de ses amants de passage depuis que les rides ravageaient son visage. Et pourtant sa petite avait fui le girond maternel, ne supportant plus de voir sa génitrice se maquiller le blanc des yeux avec des lames de cutters usagées.

Son chien, un peu cabot, lui fait remarquer qu’elle marche sur la tête
Son esprit piétine et ses yeux se brouillent. La morsure de vipère lui brûle la carotide. Elle se souvient qu’Antoine s’est tué pour elle et que la bataille d’Actium lui a brûlé les ailes.

Ce n’est qu’une enfant, une môme éternelle, une apatride en quête d’un nouveau régicide.
Cette reine sans couronne recherche son pygmalion. Phidias rappelle toi d’elle. Rends lui la vie, détruis ton Parthénon. Honore celle qui s’est opposée à Priape par le pouvoir de son sceptre et la douceur de ses seins.

Mais la lutte est vaine, car les Dieux se souviennent. Ils triompheront toujours du haut des roches tarpéiennes d’où ils crachent leur rancune et vous envoient hagard vers le monde Tartare.

Je ne sais plus qui elle est ni d’où elle vient.  

Elle traverse le temps, brûle Persépolis, provoque Pouchkine en duel.  

Elle déambule dans cette rue, si seule malgré sa poupée déchirée et son chien décharné.

Elle est une muse antique à la recherche de sa gloire passée perdue dans la modernité.  

Le con damné et l’esprit embaumé, elle maudit Khephren et Alexandre, César et Bonaparte, le grand Khan et Charles Quint ; tous ceux ayant voulu, un jour, dompter le monde, comme elle.  

 

Peut être cherche t’elle la Babylone éternelle ? Ville constellée de milles tours de Babel où raisonnent chaque nuit des cris de joie, de jouissance et d’agonie. Belle et paresseuse dans sa fange alanguie, mythique cité se cachant dans les limbes, là où la rédemption s’acquiert par l’innocence, chose que l’enfant perd dès l’heure de sa naissance 

Elle ne croit plus en moi, elle ne croit plus en toi, elle ne croit plus en rien.  
Son destin m’a croisé sans même me regarder. 
Elle est celle sur laquelle l’anathème a été proféré.  
Intronisée reine par un pouvoir tronqué et hypocrite, elle lui a abandonné son intégrité physique.

Dans cette rue déserte, une petite fille maudite tombe dans le ruisseau pour toucher les étoile. Telle une toile où des pinceaux usés comme ses cordes vocales esquissent un avenir en forme de pierre tombale. Ses gestes sont explicites, elle recherche l’amour.

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