Simon Bisley

       Simon Bisley (BIZ pour les intimes) est à la bande dessinée ce que fraction armée rouge est à la démocratie: un terroriste, un franc tireur, un Miquel Ange sous acide. Bref un grand coup de poing dans la gueule.

 Ce fils spirituel de Frazetta nous plonge dans chacune de ses peintures dans un monde violent et sexy rythmé par Black Sabbath, The Ramones, Black Flag ou Slayer. De l’énergie pure qui vous donne envie de slammer ou de headbanger devant votre BD !!

Son style à la fois léché et trashy en fait le chef de file de toute une génération de dessinateurs et de peintres dans les années 90. Parmi eux Robert Bliss, Martin “genial” Edmond (bien trop tôt disparu), Carl Critchlow, Dermot Power, Greg Staples, Jim Murray... C’est crade, ça gicle, quelquefois c’est à peine fini mais putain ça déménage. Chez Biz l’état d’esprit prime sur la technique (un peu à la façon du précurseur du genre : Bill Sienkievizc).

 Issu du milieu underground anglais (où il commet Moley mole and Lulu the donkey, Rapid the speed rat, assassin clubfoot), il est projeté sous les feux de la rampe par la BD Slaine (200AD) inspirée des vieux mythes fondateurs de l’Irlande celtique. En collaboration avec Pat « Crazy » Mills au scénario, Bisley traduit d’une façon étonnante toute la violence et la magie d’un monde mystique et fantasmagorique. Du grand art ! Du vrai !

 Les USA lui ouvrent les bras. Mais pas question pour lui de dessiner des lopettes en collant. C’est avec une bande de déjantés anglais (Keith Giffen et Alan Grant pour ne pas les nommer) qu’il crée LOBO « the fuckin’ Main Man ». Ici l’esprit heavy-metal-punk-biker de Bisley fait merveille. Il se lâche à fond dans un style noir et blanc plutôt underground qui dénote dans le monde policé des comics américains. Là aussi c’est le succès. Lobo est con, sale, pas futé pour deux sous : que vous l’énerviez ou pas il vous pètera la gueule quoi qu’il arrive. Quant à la veuve et à l’orphelin il n’en a rien à carrer, il lui explose la cheutron. L’humour destroy et décalé so british est donc de mise un peu à la manière de Judge Dredd, l’ancêtre et la référence en matière d’anti-héros violents et cons comme la lune. D’ailleurs Bisley (toujours avec Grant) a dessiné quelques épisodes vraiment cultes du Judge.

 Il revisitera ensuite Batman qui, sous son pinceau, se verra pousser une grosse paire de couilles au fond du collant. En particulier quand il devra affronter le « I’m the law » Dredd déjà cité dans un cross over explosif. C’est également l’époque des magnifiques couvertures de Doom Patrol : un travail qui déchire sacrément sa race !

Toujours aux USA, il collabore avec le sulfureux éditeur américain Verotik et son patron peu fréquentable le hard rocker Glenn « mother » Dantzig, l’ancien chanteur des Misfits. Il multiplie les couvertures en toute liberté. Il lui arrive aussi de dessiner quelques épisodes dans les séries produites par Verotik. Parmi elles, Jaguar God et le mythique Death Dealer, deux personnages créés par le maître incontesté de l’héroic fantasy : Frank Frazetta (qu’elle est la tête de nœud qui a dit Boris Vallejo !?). Bisley reprend le flambeau et réalise un rêve de gosse. Son style sans concession convient parfaitement à ces épopées barbares fleurant bon la sueur et la testostérone.

Puis il disparaît de la scène graphique pour ressurgir de temps à autres avec quelques projets Lobo (son alter ego) et de très nombreuses couvertures et dessins originaux (souvent trop sages) pour le magazine US Heavy Metal dirigé par Kevin Eastman le créateur des Tortues Ninjas. Biz ne force plus son talent comme l’illustrent les pages salopées de Fakk ²: the melting pot. BD qu’il adapte lui-même pour un film d’animation. Un projet qui ne vaut que par les gros seins de la starlette Julie Strain qui sert de modèle au personnage principal. Il se rattrape un peu avec Pour une poignée de sang (co-signé avec Eastman), une BD mélangeant western, fantastique et science-fiction, avec toujours une héroïne aux attributs mammaires à rendre folle de jalousie n’importe qu’elle bimbo de Malibu. Ici pas d’encrage, mais du feutre et des crayonnés proches de l’esprit du Biz des débuts.

 En marge d’Heavy Metal, Bisley développe quelques projets de faibles envergures : une collaboration avec le grand Frank « Sin City » Miller intitulée Bad Boy qui nous laisse sur notre faim, un projet sur Jack l’éventreur et quelques mini-séries torchées en deux minutes sur le coin d’un bar enfumé (ex. la série Global Frécuency). Faut bien payer les impôts et l’essence de la harley.

                                                                                      

 C’est peut être pour se faire pardonner que le dernier projet d’envergure du BIZ est sa retranscription personnelle de la …….. Bible, dont il se tire très bien et où il retrouve une part de sa fougue passée.

          Depuis il aurait commis un art book intitulé Paradise Lost où il semble revenir à ses anciens amours. A voir.

 Keep up fuckin’ Biz !

 Bibliographie sélective :

- ABC Warriors : the black hole (200AD)

- Slaine, le dieu cornu (200AD) (publié en France chez Zenda) : 4 tomes : ma BD de chevet

- LOBO (DC comics/ Editions USA) :

o Lobo is back

o Lobo frappe encore

o Le noël de Lobo : où Santa Claus révèle sa vraie nature

     Lobo vs Batman : une rencontre à ne pas piquer des hannetons !

o Lobo vs Authority : pas terrible terrible

- Quelques épisodes des Ninjas turtle très trash, très Bisley quoi

- Quelques épisodes de Judge Dredd (Fleetway) : cultes (lisez les aventures de Johnny Motard ou de Tommy Who)  

- Body Count (Image comic)  

- Batman vs Judge Dredd : judgement on Gotham (2000AD): génial  

- Death Dealer (Verotik) : episode 1  

- Jaguar God (Verotik) : episode 1  

- Biz verotik world (Verotik) : recueil de dessins réalisés pour la maison d’édition californienne terreur des culs bénis américains de la fin des 90’s 

- Apparaît dans un recueil collectif aux côtés de Franck Miller, Bill Sienkievizc et autres ténors du noir et blanc : Batman (Editions USA) : à découvrir pour voir Batman pointer à l’ANPE  

- Fakk² : the melting pot (Editions USA) :  

o Le recueil d’illustrations : top

o La BD tirée du film d’animation : pas top

- Pour une poignée de sang (Editions USA)  

- L’art de Simon Bisley (Soleil) : incontournable  

-  La Bible : vraiment très bien 

A cela s’ajoutent les nombreuses couvertures (en particulier dans les 90’s) : citons particulièrement celles de Doom Patrol (DC comic) ou du cross-over Hulk/Wolverine,